[Mademoiselle K - Pas des carrés]
Cette sensation de légèreté, quand plus rien ne compte et que vous ne vous concentrez que sur l'instant présent, sans détacher vos yeux de ceux de la personne face à vous... Mes yeux me trahissent sans doute un peu trop par moment ; mais lorsque je croise une autre paire d'yeux qui me fixe de la même manière en me serrant contre le reste du corps où elle se situe, ma respiration se coupe, ma tête se brouille et mon coeur s'arrête de battre ; la montée est si vertigineuse, si parfaite, si fragile. Télépathie occulaire. A peine le temps d'une étreinte que déjà la descente se transforme en véritable enfer psychotique... Ces yeux, que je n'ai cessé de regarder se sont dorénavant pixelisés sur mon écran mais agissent comme des milliers de fines lames qui transpercent chaque micro-particule de mon corps, me suffoquant à nouveau en m'arrachant les tripes. Une impression de tourner un nouvel opus de Saw. Survivre.
C'est pas des carrés...
J't'ai manqué ? Parce que, toi tu m'as manqué. T'es un vrai tyran, tu sais. C'est tellement dur de te faire la gueule ! Mais... j't'en veux quand même. Te fais pas d'illusion. J'voudrais qu'on parle, en oubliant le jeu. Rien qu'une fois.
Et là, ça était le pire. Plus rien, plus rien pendant dix ans, plus rien pendant trois mille six cent cinquante-deux jours et trois mille six cent cinquante-trois nuits. Fini le jeu, les jeux, le piment de mon existence. J'ai erré dans ma vie comme quand on erre dans une tragédie de Racine. Hermione version mec. Où suis-je ? Qu'ai-je fait ? Que dois-je faire encore ? Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ? Ah ne puis-je savoir si j'aime ou si je hais. Sophie m'a assassiné. Trucidé. Egorgé. Baisé. Enculé. Et tant d'autres rimes tarées. Et puis j'ai fini par y penser à l'imparfait. Me résoudre au bonheur fade de ma naissance. L'amour, la famille, le boulot, l'antenne parabolique. Du Racine j'vous dis.
Jeux d'enfants
Cap ou pas cap ?